• Plus de Guernica, plus d'Auschwitz, plus d'Hiroshima, plus de Sétif. Bravo ! Mais la vie impossible, mais la médiocrité étouffante, mais l'absence de passions ?
• A défaut de fonder sa vie sur la souveraineté, on tente de fonder sa souveraineté sur la vie des autres. Mœurs d'esclaves.
• L'instinct de fuite et d'agression suit à la trace les chevaliers du salariat, qui n'ont plus pour assurer leurs pitoyables errances, que le métro et les trains de banlieue.
• Le désir inextinguible de connaître passionnément tant de filles charmantes naît dans l'angoisse et dans la peur d'aimer, tant l'on craint de ne se libérer jamais des rencontres d'objets. L'aube où se dénouent les étreintes est pareille à l'aube où meurent les révolutionnaires sans révolution. L'isolement à deux ne résiste pas à l'isolement de tous. Le plaisir se rompt prématurément, les amants se retrouvent nus dans le monde, leurs gestes devenus soudains ridicules et sans force.
Il n'y a pas d'amour possible dans un monde malheureux.
• Es-tu prêt, afin que jamais ton désir ne se brise, es-tu prêt à briser les récifs du vieux monde ?... Nous voici quelques-uns épris du plaisir d'aimer sans réserve, assez passionnément pour offrir à l'amour le lit somptueux d'une révolution.
• La conscience réduite à la conscience des contraintes est l'antichambre de la mort.
• Que personne ne sous-estime les échanges Est-Ouest ! D'un côté, l'homo consomator achète un litre de whisky et reçoit en prime le mensonge qui l'accompagne. De l'autre, l'homme communiste achète de l'idéologie et reçoit en prime un litre de vodka.
• La plupart des gens vivent en somnambules, partagé entre la crainte et le désir de s'éveiller.
• L'humanité du maître tend vers zéro tandis que l'inhumanité du pouvoir désincarné tend vers l'infini.
Publié le 01 octobre 1971 à 00h00