" Chaque ressource est à préserver, à transmettre, à faire circuler, d'homme à homme, d'usage en usage..."
L'Économie circulaire, Remy Le Moigne, Dunod
" L’économie circulaire désigne un modèle économique dont l’objectif est de produire des biens et des services de manière durable, en limitant la consommation et les gaspillages de ressources (matières premières, eau, énergie) ainsi que la production des déchets."
Le XXe siècle a vu se développer une société de consommation qui a augmenté de façon très importante son prélèvement sur les ressources naturelles en le multipliant par un facteur 10.
Les travaux du programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et d’autres organisations montrent que par la conjonction du développement démographique, de la croissance de la consommation dans les pays développés et de l’aspiration des pays émergents à un modèle de consommation similaire, le niveau de prélèvement des ressources naturelles sera intenable avant 2050.
Nombreux sont les experts, décideurs, acteurs... du monde de l'économie qui mettent donc aujourd'hui l’accent sur ce caractère insoutenable de la consommation mondiale de matières premières non renouvelables, ainsi que sur la dégradation environnementale causée par l’augmentation des activités humaines (déchets, pollutions, transformation des écosystèmes…).
L'économie circulaire (*) est un nouveau paradigme tendant à se substituer à celui de l'économie linéaire : extraire, produire, consommer et jeter.
L'exemple tout récent d'Amazone, qui choisit par économie de détruire des milliers d'objets invendus plutôt que de les stocker ou de les donner, montre à quel point notre modèle économique marche sur la tête.
(*) Selon l’Ademe, sa définition englobe sept piliers : écoconception, écologie industrielle et territoriale, économie de la fonctionnalité, consommation responsable, réemploi, réutilisation et réparation, recyclage, approvisionnement durable - correspondant à trois domaines.
Le spectre d'un désastre humanitaire à court terme, si nous devions continuer à consommer et à détruire les ressources naturelles sur le rythme des 50 dernières années, a conduit un certain nombre d'acteurs, publics et privés, à tracer un chemin vers l'économie circulaire.
Je vais donner quelques repères au niveau mondial, au niveau européen et en France.
Les Nations Unis, via la CNUCED (United Nations Conferences on Trade and Development : UNCTAD), travaillent sérieusement sur le sujet depuis 2015.
L'organisation produit très régulièrement des dossiers très complet sur l'état des ressources naturelles et de leurs consommations.
Dans l'OBJECTIF 12 (GOAL 12), elle s'engage dans le soutien de modes de production et de consommation durables.
Dans sa partie "Faits et chiffres", il est rappelé que :
Via UN environment, l'ONU s'engage avec "One Planet Network" dans le " Cadre décennal de programmation pour la consommation et la production durables (10YFP) "
Enfin, en 2018, l'ONU Environnement et d'autres partenaires ont élaboré les objectifs Goodlife. Les bons objectifs de vie sont un ensemble d’actions personnelles que les citoyens du monde entier peuvent prendre pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.
L'ONU travaille également en collaboration avec des Fondations ou organismes privés.
Créée en 2010 par la célèbre navigatrice britannique, la Fondation Ellen MacArthur s'est résolument engagée dans la promotion de l'économie circulaire.
En peu de temps, la Fondation a pu lever des fonds importants, s'attacher un réseau d'experts universitaires de haut niveau et développer ses propres programmes et indicateurs.
Elle déploie par exemple le "Circular Economy 100 " qui a été créé pour aider les entreprises à développer de nouvelles possibilités et concrétiser plus rapidement leurs ambitions en matière d’économie circulaire. Il s’agit d’une plateforme unique rassemblant des entreprises, des représentants des gouvernements et des villes, des universités, des acteurs de l’innovation et des organismes affiliés.
Evidemment les pays nordiques sont fortement impliqués dans toutes les actions autour de l'économie circulaire.
L'engagement de la fondation publique finlandaise SITRA, qui a pour ambition de faire de la Finlande le pionnier du bien-être durable, est particulièrement impressionnant.
Sitra a par exemple publié la première feuille de route nationale pour une économie circulaire neutre en carbone et lancé sa mise en application.
Depuis 2017, Sitra est le principal organisateur du forum mondial sur l'économie circulaire.
L'événement rassemble un panel de haut niveau incluant chefs d'entreprise, décideurs, chercheurs et innovateurs du monde entier qui travaillent sur les meilleures solutions d'économie circulaire au monde.
Le prochain forum aura lieu en Finlande du 3 au 5 juin 2019.
C'est également en 2015 que l'Europe se met en branle.
L'Union européenne génère à cette époque plus de 2,5 milliards de tonnes de déchets chaque année.
La législation sur la gestion des déchets est alors mise à jour afin de promouvoir la transition vers une économie circulaire avec le mot d'ordre : Répare, Réutilise, Recycle !
En 2017, un "paquet économie circulaire" est adopté. Il fixe des objectifs ambitieux pour l'UE en matière de recyclage et de mise en décharge.
" L’Union européenne aura pour objectif commun de recycler au moins 55% des déchets ménagers d'ici à 2025. Cet objectif passera à 60% d'ici à 2030 et 65% d'ici à 2035."
D'ici 2035, la mise en décharge ne pourra concerner que 10% des déchets au maximum.
Ce paquet contient des mesures importantes en matière de gestion des déchets, mais va plus loin en définissant des règles qui prennent en compte l'ensemble du cycle de vie d'un produit et qui visent à modifier le comportement des entreprises et des consommateurs.
A noter qu'une incitation financière forte va désormais accompagner toutes ces directives : " À l’avenir, seuls les projets qui nourriront l’économie circulaire de façon durable et l’inclusion sociale devraient être financés par les fonds de cohésion "
Les 6 et 7 mars 2019, la Commission européenne et le Comité économique et social européen organiseront l'édition 2019 de la conférence des parties prenantes sur l'économie circulaire.
La France suit ou accompagne le mouvement.
Le concept d'économie circulaire a officiellement fait son entrée dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 18 août 2015.
Elle reconnait la transition vers une économie circulaire comme un objectif national et comme l’un des piliers du développement durable.
Le 23 avril 2018, le gouvernement français publie sa feuille de route en présentant des mesures concrètes afin d’atteindre les objectifs ciblés.
Ce document présente une batterie impressionnante de mesures analysées ICI.
En gros la France suit les objectifs du package européen et va parfois plus loin (atteindre en 2025 "100% de plastique recyclé sur tout le territoire".)
La réparation est présentée comme un enjeu stratégique. Pour lutter contre l'obsolescence programmée, le gouvernement promet ainsi de rendre plus transparente la possibilité de réparer tout produit électronique, par l'affichage obligatoire à partir de 2020 d'un "logo simple et lisible".
Notons le gouvernement estime que jusqu’à 300.000 emplois pourraient être créés.
“Rien que sur le recyclage, les ratios sont énormes 10.000 tonnes de déchets en décharge n’emploient qu’une personne, alors que leur recyclage permet d’en employer trente”. L’effet sur l’emploi de l’envoi de plus de déchets vers une filière de recyclage serait donc immédiat."
En ce qui concerne le recyclage, un premier ensemble important de mesures concerne le fonctionnement des filières de "responsabilité élargie des producteurs" (REP), dispositif qui oblige les metteurs sur le marché à prendre en charge, du moins financièrement, la fin de vie de leurs produits.
Cependant de nombreux points restent en suspens comme par exemple les déchets des entreprises, laissés pour compte alors qu'ils représentent 350 millions de tonnes annuelles : dix fois plus que les déchets ménagers.
D'une façon générale, les incitations financières sont jugées très en deçà du minimum nécessaire.
Néanmoins, les observateurs soulignent que ce texte aura le mérite d'avoir enclenché une dynamique collective.
On observe en effet que des feuilles de route sont adoptées par de nombreuses régions dans les domaines de la transition énergétique et de l'économie circulaire : Grand Est, Nouvelle Aquitaine... et que de très nombreuses actions, ou réflexions sont lancées au niveau régional.
L'Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) est le bras armé de l'état dans la promotion des actions dans le domaine du développement durable et de l'énergie circulaire. Elle participe à la mise en œuvre des politiques publiques en matière d'énergie et de protection de l'environnement.
L'Ademe est également active au niveau des régions.
La littérature rapporte déjà une foison de données assez disparates et parfois contradictoires.
Il est en effet difficile de définir précisément les critères de circularité.
Cependant la Commission Européenne a publié une liste de 10 indicateurs qui seront affinés et devraient permettre d'y voir plus clair.
En ce qui concerne le taux de recyclage, l'Allemagne vient largement en tête avec 56%. Dans le top 10 on trouve 8 pays européen. Malheureusement la France est loin, autour de 30%. (Données 2017).
Ce calcul a été réalisé par le cabinet indépendant Eunomia. Les chiffres fournis par les pays étant considérablement gonflés.
D'autres classements sont plus flatteurs pour notre pays.
Ainsi le media américain Politico, en prenant en compte ses propres facteurs de circularité, nous situe en troisième position en Europe derrière l'Allemagne et la Grande Bretagne.
A prendre avec des pincettes... !
Par contre, ce qui fait l'unanimité dans les publications, c'est que l'Europe est en pointe sur ce dossier et que les pays américains, USA en tête, sont très en retard.
Les observateurs extérieurs font remarquer que Zero Waste Europe, dans son plan directeur Zero Waste Cities, a aussi l'avantage de renforcer le sentiment d'appartenance communautaire en:
- augmentant les interactions sociales grâce à davantage de partage et de réutilisation matérielle,
- maintenant les flux de matières dans l'économie locale et en soutenant ainsi les emplois locaux,
- soutenant les cultures urbaines pour une alimentation plus saine et une plus grande implication du quartier (compostage des déchets ménagers).
Il aura fallu attendre 2015 pour que les différentes instances nationales et internationales réagissent aux multiples signaux des experts concernant les ravages de l'économie linéaire, qui nous conduit à un effondrement des ressources naturelles à l'horizon 2050.
Cette prise de conscience a jusqu'ici débouché sur un arsenal de réglementation dont on peine aujourd'hui à voir les résultats.
Néanmoins pour 2025 des engagements ont été pris en Europe et dans notre pays, notamment pour le recyclage des déchets ménagers qui devrait atteindre 90%. Le gouvernement français promet zéro déchets plastiques à la même échéance.
A propos des plastiques voir ICI sur le site
De puissantes fondations privées, qui ont su attirer argent et experts, sont à l'oeuvre depuis une dizaine d'années. Elles ont d'ores et déjà fournit un arsenal d'indicateurs et de propositions techniques et développé leurs propres programmes susceptibles de nous conduire vers un monde zéro déchet.
La recherche universitaire fonctionne maintenant à haut régime dans le domaine du recyclage et de multiples innovations sont brevetées chaque année.
La nature peut être, là aussi, une source d'inspiration, de bio-inspiration A ce propos je voudrais citer les travaux de Claude Grison, professeur à l'Université de Montpellier, qui illustre magnifiquement le concept de chimie verte avec son laboratoire ChimEco.
Tirant parti de la capacité de certains végétaux à accumuler des métaux et dépolluer les sols, elle a inventé un procédé révolutionnaire de récupération et recyclage des métaux polluants transformés par les plantes : l’écocatalyse. Claude Grison et son laboratoire travaillent notamment activement à la restauration de sites dégradés par les activités minières et métallurgiques, et le rejet d’effluents industriels chargés en métaux (phytoremédiation).
Enfin notons que des voix sensées soulignent qu'il est encore plus important de regarder en amont et de concevoir des produits facilement recyclables ou compostables et même biodégradables (sachant que les écosystèmes ont une capacité limitée à absorber des produits biodégradables).
Un élan a été donné ; l'obsolescence programmée est maintenant (presque) unanimement condamnée (*). L'économie circulaire est sur les rails à nous de faire en sorte qu'elle ne... déraille pas, en portant au pouvoir des dirigeants stupides, cupides et bornés façon Trump !
(*) En témoigne Apple qui ralentissait volontairement ses anciens modèles pour mieux vendre le nouveau smartphone à plus de 1000 euros. La marque à la pomme vient de faire subitement machine arrière, devant l'opprobre qu'elle a suscitée.
Le secteur du bâtiment est responsable d’environ 40% de la consommation des ressources, dont 12% de la consommation globale d’eau.
Le secteur produit aussi près de 40% de nos déchets solides. Enfin, ce secteur emploie en moyenne plus de 10% de la force de travail et peut représenter jusqu'à 15% du PIB.
Avec l’urbanisation croissante et rapide des pays les plus peuplés de la planète, bâtir de manière durable est plus que jamais nécessaire.
Cependant il n'existe pas un standard unique, mais de multiples façons de concevoir une éco construction : en fonction des pays, des topographies, du climat, des ressources naturelles...
C'est donc tout un ensemble de modèles qui doivent être proposés aux citoyens :
Parmi les pratiques de construction écologiques les plus courantes, citons :
Utiliser des matériaux de construction durables comme le verre et l'acier recyclés, ainsi que des matériaux renouvelables comme le bambou et le caoutchouc... en prenant en compte la proximité de la ressource,
Installer de fenêtres et de portes écoénergétiques;
Utiliser des peintures et des teintures à faible teneur en COV (composés organiques volatils);
Construire des systèmes de toits verts (ou «plantes sur votre toit») offrant de nombreux avantages, notamment des jardins sur site, la gestion des eaux de pluie et une protection contre les effets des rayons UV nocifs;
Ajouter des systèmes de récupération et de purification de l’eau qui ne se contentent pas de gérer mais qui exploitent au mieux les précipitations;
Maximiser la lumière naturelle, ce qui non seulement permet d'économiser sur les besoins en éclairage (et donc les coûts énergétiques), mais peut également contribuer à maintenir les bâtiments au chaud pendant les mois les plus froids;
Utiliser de l'énergie renouvelable pour alimenter le bâtiment, par exemple, installer un système de panneau solaire commercial .
A noter qu'il existe une norme internationale ISO 15392:2008 qui édicte des principes généraux de développement durable pour le secteur de la construction.
Définition d'un écomatériau (ou materiau sain ou biosourcé).
VOIR ICI l'exemple de quelques entreprises belges dans le domaine des matériaux.
LIRE ICI : Les matériaux de structures du « développement durable » pour l’habitat, un peu daté mais très utile.
Le développement durable dans le secteur de la construction nécessite une coordination étroite entre les différentes parties prenantes tout au long de la vie d'un bâtiment. Il est donc nécessaire de créer des conditions et des incitations qui s'adressent à tous les intervenants.
Le programme des Nations Unis pour l'environnement (PNUE) a lancé l'Initiative des bâtiments durables et le climat (SBCI) en 2006. Elle encourage et soutient les pratiques de construction durables à l'échelle mondiale, en mettant l'accent sur l'efficacité énergétique et la réduction des émissions de GES.
L’initiative développe des outils et des stratégies pour mieux évaluer et mettre en œuvre des pratiques de construction durables. Les projets pilotes démontrent le rôle important des bâtiments pour l'atténuation et l'adaptation au changement climatique.
L'un de ces projets pilotes est l'Initiative pour le logement social durable (SUSHI) du PNUE, qui promeut la durabilité des programmes de logement social dans deux villes pilotes, Bangkok et São Paulo.
Il faut savoir que les consommateurs ont compris l'enjeu du développement durable. Selon une enquête (*) de Cone communications (spécialisée dans le RSE (responsabilité sociétale des entreprises) :
91% des consommateurs mondiaux attendent des entreprises qu'elles fassent plus que des bénéfices, mais qu'elles agissent également de manière responsable pour résoudre les problèmes sociaux et environnementaux.
84% affirment rechercher des produits responsables chaque fois que possible
90% boycotteraient une entreprise s'ils apprenaient des pratiques commerciales irresponsables ou trompeuses.
81% sont prêts à consommer ou à acheter moins de produits pour préserver les ressources naturelles .
80% ont déclaré être disposés à acheter des produits de marques inconnues fortement engagées dans la responsabilité sociale des entreprises .
* Sur 10 000 citoyens de neuf des plus grands pays du monde en termes de PIB: les États-Unis , le Canada , le Brésil , le Royaume-Uni , l'Allemagne , la France , la Chine , l' Inde et le Japon .
Construire durable est un formidable défi qui doit être accompagné au niveau national et international.
LIRE : Construction durable : un formidable défi, La Recherche
Habitat durable, éco construction
En septembre 2017, la Commission européenne a lancé la phase pilote de «Level(s)», un nouveau cadre européen pour la construction durable, qui contribuera à la transformation du secteur de la construction. Il s’agit du premier outil de ce type, conçu pour être utilisé dans toute l’Europe.
Level(s) est un cadre d’évaluation disponible en libre accès, élaboré par la Commission européenne en collaboration étroite avec des acteurs clés tels que le suédois Skanska, le français Saint-Gobain, Sustainable Building Alliance et les Green Building Councils.
" Level(s) est le fruit d’une large concertation menée avec l’industrie et le secteur public. Il est centré sur des indicateurs de performance empruntés à des domaines tels que les émissions de gaz à effet de serre, l’utilisation économe des ressources et de l’eau ainsi que la santé et le confort. Cet instrument vise à établir un «langage commun» autour de ce que l’on entend, dans la pratique, par «construction durable», afin de faire évoluer le débat au-delà de la performance énergétique."
Dans le secteur du bâtiment, la loi portant engagement national pour l’environnement, dite « Grenelle 2, promulgée le 12 juillet 2010, vise à favoriser un urbanisme économe en ressources foncières et énergétiques.
Elle incite à la construction de bâtiments BBC* (- de 50 KWh/m2/an) et vise une réduction de 38% de la consommation énergétique dans le parc ancien à l’horizon 2020.
Cet urbanisme sera mieux articulé avec les politiques d’habitat, de développement commercial et de transports tout en améliorant la qualité de vie des habitants.
La France s’est engagée à diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2050 (par rapport à ses émissions de 1990), notamment grâce à :
- des constructions neuves produisant toutes plus d’énergie qu’elles n’en consomment à compter de 2020 (énergie positive),
- une rénovation accélérée, de haut niveau de performance énergétique, des bâtiments existants.
Cet objectif paraît très ambitieux, sachant que la première construction à énergie positive en France, la tour Elithis à Dijon, construite en 2009, n'a pas tout à fait respecté son objectif (6,32 kWhep/m²SHON/an contre 2 kWhep/m²SHON/an prévu pour la première année, ce qui constitue cependant une baisse de consommation d'énergie considérable, environ 50 fois moins qu'un bâtiment tertiaire classique) et surtout n'a pas fait beaucoup d'émules.
Cependant, une deuxième tour de ce type a été inaugurée il y a quelques mois à Strasbourg.
Les initiatives privées, encadrées ou pas, se multiplient.
L'ADEME, dans le cadre de son Programme d'investissements d'avenir, impulse une vraie dynamique d'innovation au sein des acteurs économiques de la transition énergétique et écologique.
Elle a pu mobiliser start-ups et PME grâce à divers dispositifs de soutiens.
De grandes entreprises ne sont pas en reste. C'est le cas de Saint-Gobain.
Saint-Gobain s’implique localement depuis plusieurs années pour l’habitat durable en adhérant aux Green Building Councils (GBC) (voir ci-dessus). Le Groupe est membre de plus de trente GBC dans le monde.
Saint-Gobain est également partenaire du réseau européen, membre “platinum”, de l’USGBC, et a rejoint le conseil consultatif du World Green Building Council.
Evidemment il y a un côté marketing dans cet affichage, mais c'est justement le signe de l'engouement des consommateurs pour ces types de construction.
La concentration toujours plus importante des individus dans les villes, amène celles-ci à préserver et optimiser leurs ressources et leur organisation.
Deux constats :
- actuellement, 50% de la population mondiale vit dans les villes. En 2050, ce pourcentage passera à 70%,
- les villes produisent 80% des émissions de gaz à effet de serre.
Au départ une "ville intelligente" (smart city) est une ville (hyper)connectée où les technologies de l'information et de la communication (TIC) permettent l’optimisation des coûts, de l’organisation, du bien-être des habitants.
Dédale est une agence européenne consacrée à l'innovation urbaine et sociale qui s'est impliquée dans les projets de type smart city.
Dédale s'intéresse tout particulièrement à l'innovation et aux nouveaux usages dans des domaines en mutation tels que l'urbanisme, la culture, le tourisme, le développement durable, la participation citoyenne ou encore l'éducation.
Aujourd'hui, les exemples suédois et danois donnent une idée de ce que peuvent être les smart cities. En fait la technologie n’est qu’un moyen pour construire des villes durables, et surtout agréables, AVEC la participation des citoyens (par exemple à Copenhague les vélos - utilisés pour 40% des trajets dans l'agglomération - sont munis de capteurs qui mesurent les concentrations de CO2 et la pollution sonore).
Dans ces villes, éco citoyenneté, éco mobilité, éco construction sont des priorités qui avancent très rapidement grâce aux TIC.
Pour atteindre la neutralité climatique en 2025, Copenhague, ville qui truste les récompenses dans ce domaine, s'est dotée de laboratoires ouverts : les bloxhub où se retrouvent ingénieurs du bâtiment, informaticiens, urbanistes, anthropologues ou designers, avec des élus municipaux, des citoyens...
En France, 25 communes, métropoles et communautés d'agglomération françaises développent des services intelligents, dont 23 ont désigné un chef de projet. Parmi elles, de grandes villes : Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Lille, Grenoble... mais aussi des villes moyennes comme Angers, Béthune, Roubaix, Mulhouse ou Valenciennes.
Dans la plupart, des plates-formes Open data ont été déployées.
A noter que depuis janvier 2016, Bordeaux fait partie du programme européen " Sharing Cities ", financé à hauteur de 25 millions d'euros sur 5 ans pour construire des démonstrateurs smart city dans les domaines de la mobilité électrique, de la rénovation énergétique de bâtiments et des smart grids (le smart grid est un réseau « intelligent » qui optimise la production, la distribution, la consommation pour mieux mettre en relation l'offre et la demande d'électricité).
Mais ce n'est qu'un début, nous sommes très loin de Copenhague ou Stockholm !
Les chiffres ci-dessus montrent l'impact considérable de l'habitat sur notre environnement.
La construction durable est donc un impératif essentiel dans le cadre d'une transition vers un modèle économique respectueux de la planète et du bien-être de ses habitants.
Depuis une dizaine d'années les initiatives publiques ou privées se multiplient à travers le monde. Les entreprises du bâtiment, des grands groupes aux PME ou même start-ups, se mobilisent, signe de l'intérêt des consommateurs pour ce type d'habitat.
La France est très en retard par rapport aux objectifs nationaux, fixés dans le cadre de la stratégie nationale bas carbone (SNBC), qui est de diminuer de 30 % ses émissions entre 2013 et 2028. En 2017, le bâtiment affiche un dépassement de 22,7 % des émissions de CO2.