Les lions mangeurs d'homme avaient de mauvaises dents !
C'est le New York Times du 11 octobre 2024 qui raconte cette histoire :
" En Afrique de l'Est britannique, en 1898, deux lions vivant le long de la rivière Tsavo avaient faim.
C'était une mauvaise nouvelle pour les ouvriers qui construisaient le chemin de fer à cet endroit. Ils se retiraient dans leurs tentes la nuit tombée et, au petit matin, certains hommes manquaient à l'appel, victimes des grands félins qui avaient soif de viande humaine.
« Ils ont dévoré tous les os, la chair, la peau et le sang, sans laisser de traces derrière eux », a écrit le lieutenant-colonel John Henry Patterson, un officier de l’armée britannique qui dirigeait le projet de chemin de fer.
Durant les neuf mois de règne des mangeurs d'hommes de Tsavo, les lions, qui, comme la plupart des mâles de la région, n'avaient pas de crinière, ont dévoré environ 35 ouvriers. Finalement, la construction du chemin de fer a été complètement interrompue jusqu'à ce que le colonel Patterson abatte les deux félins."
L'ADN mène l'enquête
Dans les années 1990, Thomas P. Gnoske, responsable des collections au Field Museum de Chicago, a eu l'occasion d'examiner les crânes des lions de Tsavo. Il a remarqué des fragments de poils dans les canines fissurées des félins.
En 2001, M. Gnoske a contribué à un article avançant que les lions avaient développé une préférence pour les proies humaines parce que les dents des félins étaient abîmées et que la chair de notre espèce... était plus facile à mâcher !
Mais que contenaient ces dents creuses ? C'est ce qu'ont cherché à savoir des chercheurs américains (dont Thomas P. Gnoske) et kenyans qui publient ce mois ci (11 otobre 2024) leurs résultats dans Current Biology.
Le "menu" des lions de Tsavo a été reconstitué en examinant les fragments de poils centenaires au moyen de la microscopie et d'une analyse génétique de pointe.
L'équipe s'est concentrée sur l'ADN mitochondrial (transmis uniquement par la mère) des fragments de poils, qui fournissent des informations génétiques abondantes et relativement faciles à déchiffrer. Ils ont comparé ces fragments d'ADN avec le registre génétique des espèces indigènes de la région de Tsavo et ont associé les fragments de cheveux à plusieurs espèces, dont l'oryx, le cobe à croissant, le zèbre et la girafe.
L'ADN de plusieurs individus humains a également été retrouvé. L'identification n'a pas été poussée plus loin par respect pour les descendants qui sont toujours dans cette région.