" Ce qui permet au mal de progresser est l'inaction des hommes de bien. "
La période des campagnes électorales est devenue pour moi douloureuse.
Celle qui est en cours est un cauchemar.
Je veux croire que c'est le sentiment des femmes et hommes de ma génération qui, de 1968 à la fin des années 80, eurent au moins l'illusion -sinon l'ivresse- de vivre l'avènement d'un monde résolument tourné vers le progrès, la fin des oppressions, la libération des femmes et des peuples opprimés.
Depuis cette époque, presque bénie, où s'engager avait un sens, cette génération n'a pu qu'assister à l'anéantissement de ses espérances et renoncer à ses rêves les plus raisonnables.
La cause de cette débandade est bien connue : une mondialisation de l'économie qui a donné tous les pouvoirs aux financiers, conduit à la constitution de fortunes vertigineuses au détriment d'une main d'oeuvre paupérisée... qui se tourne en retour vers les démagogues les plus cyniques.
En France, que la droite fascinée par l'argent se soit assise sur ses valeurs traditionnelles pour participer sans vergogne à cette nouvelle ruée vers l'or, est presque dans l'ordre des choses. Ses dirigeants en se débarrassant de De Gaulle en 1969 avaient donné le départ de la course.
Mais la gauche ?
Deux catastrophes l'ont conduite au renoncement, puis à l'effondrement :
- la maladie de Mitterrand qui se traduit par un deuxième mandat calamiteux,
- l'avènement de F. Hollande à la tête du PS en 1997 qui mène une campagne contre-nature pour le OUI au référendum sur l'Europe concoctée par Giscard, en 2005.
Dès lors la messe était dite, la gauche en France, les gauches en Europe, renonçaient, par lâcheté et paresse intellectuelle, à proposer un projet alternatif, une autre Europe qui aurait pu faire entendre sa voix dans le concert mondial.
Si aujourd'hui un Fillon, candidat hypnotisé par le lucre, ouvertement financé par quelques milliardaires, corrompu au point de ne pas avoir conscience de la gravité de ses dérives, reste un candidat crédible pour s'opposer au second tour de la présidentielle à une néo-facho assise sur un tas d'énormes mensonges, nous le devons aussi à cette gauche façon Hollande, la gauche des capitulards.
Si hier nous pouvions rêver du meilleur, les jeunes d'aujourd'hui ne peuvent qu'espérer le moins pire.
Eviter le pire, c'est ne pas écouter les sirènes de ceux qui n'ont toujours eu pour seul programme que l'exclusion, la haine des différences, la chasse aux boucs émissaires, l'horreur de la culture et du savoir. Ils se trouvent aujourd'hui dans le camp de ces droites radicalisées et corrompues. L'histoire nous apprend où ceux-là nous ont conduit !
Alors :
Ne vous faites pas rouler jeunesse !
Comme Ulysse, attachez vous solidement au mat du savoir, de la culture, de l'intelligence, et restez sourds aux chants délétères des sirènes qui veulent vous envoyer par le fond.