Pascal, le coeur et la raison : exposition à la BnF
Vanité des sciences (?)
" La science des choses extérieures ne me consolera pas de l’ignorance de la morale au temps d’affliction, mais la science des mœurs me consolera toujours de l’ignorance des sciences extérieures."
Les Pensées
Voila une pensée avec laquelle je suis en désaccord.
Homme de foi rigoriste (proche des jansénistes), Pascal va plus loin :
"Ce n’est pas un grand mal que de n’être pas Géomètre ; mais c’en est un considérable que de croire, que la Géométrie est une chose fort estimable, et de s’estimer soi-même pour s’être rempli la tête de lignes, d’angles, de cercles, de proportions. C’est une ignorance très blâmable que de ne pas savoir, que toutes ces spéculations stériles ne contribuent rien à nous rendre heureux; qu’elles ne nous peuvent donner aucun contentement réel et solide ; que l’homme n’est point fait pour cela, et que bien loin que ces sciences lui donnent sujet de s’élever en lui-même, elles sont au contraire des preuves de la bassesse de son esprit ; puisqu’il est si vain et si vide de vrai bien, qu’il est capable de s’occuper tout entier à des choses si vaines et si inutiles. » Préface de Nicole aux Nouveaux Éléments de géométrie d’Arnauld
En fait, Pascal fait le pari de l'ignorance en même temps que celui de la vie éternelle.
S'il y a une constante chez l'auteur des "Pensées", c'est la volonté de dévaloriser, d'humilier la raison, pour justifier le recours au religieux.
Notre génie le fait fort brillamment, car cet homme de foi est un mathématicien et un physicien de génie. Sa démonstration est donc redoutable.
Elle tient en peu de mots :
Qu'importe de savoir comment se produisent les phénomènes, si l'on est incapable de savoir pourquoi !
"Le coeur a ses raisons que la Raison ne connaît point" Pensées
Résignez-vous à Dieu dit le Coran...Circulez, il n'y a rien à voir, ont toujours proclamé les religions monothéistes...
Je suis de ceux qui sont enclins à penser que foi et sciences ne sont guère compatibles.
Quand la religion prétend rendre intelligible notre monde, elle produit des mythes qu'il serait vain de soumettre à notre entendement.
La science s'élabore sur deux fondements qui s'appuient sur la raison et sur l'observation :
- la raison qui nous conduit à formuler des concepts, des analyses, des démonstrations,
- l'expérience qui consiste à observer la Nature, à produire ou à reproduire des phénomènes.
Autant me passionnent les travaux sur ce qui oppose Platon et Aristote, les théories de la connaissance analysées par Francis Bacon, Locke ou Diderot, autant je trouve futile de disserter sur ce qui échappe à ma raison.
Cela dit, la précocité, la puissance intellectuelle de l'homme de Port-Royal, donnent le vertige :
- brillant mathématicien, il a digéré les Eléments d'Euclide à 12 ans, publie à 15 ans un Traité sur les coniques et conçoit la première machine à calculer à 17 ans...
- physicien remarquable, il établit en mécanique des fluides le Principe qui porte son nom.
Hélas une santé fragile et une conversion (en deux temps) au rigorisme janséniste, mettront un terme prématuré à un parcours scientifique qui s'annonçait prodigieux.
Exposition à la BnF François Mitterrand
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