Fhaine/Islamistes : même combat contre la République, même péril mortel
Les sondages annoncent l'arrivée au pouvoir du Front National dans 3 régions françaises Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine.
Si ces estimations se réalisent, ou même si une seule de ces régions tombe aux mains des héritiers de Pétain, ce sera une tâche indélébile sur l'image de la France et une ultime injure pour tous ceux qui ont été martyrisés où sont morts dans les maquis et dans les camps, il y a plus de 70 ans.
Deux mots d'histoire
L'extrême droite française a un très lourd passif et une très une sombre histoire qui commence après la débâcle de 1870 face à la Prusse de Bismarck, se poursuit par la constitution de Ligues fascistes dans l'entre-deux-guerres, trouve son apogée après l'effondrement de 1940 face à l'Allemagne nazi et l'arrivée au pouvoir de Pétain, qui s'entoure de l'arrière-ban du fascisme français, les Laval, Doriot, Déat, Henriot et autre Darnand, chef de la Milice aux ordres de la Gestapo....
Réduite à l'état de groupuscules, suite à l'effondrement du nazisme et à la découverte de ses abominations, l'extrême droite va renaître de ses cendres à l'issue de la décomposition de l'empire colonial français.
Opposée à la paix en Algérie, une partie des chefs de l'armée crée l'OAS en 1961, après avoir tenté de renverser la République. Cette organisation qui va rapidement recruter dans les milieux extrémistes, multiplie les assassinats et actions terroristes en Algérie et en métropole. A 5 reprises elle tentera d'assassiner le général De Gaulle.
L'extrême-droite se nourrit donc des malheurs de la France ; aujourd'hui c'est la situation économique et politique de ce pays qui fait son gras.
Au royaume des aveugles, un borgne peut devenir roi
Après l'échec des putsch, dans les années 60, le premier combat de l'extrême droite est donc la lutte contre le gaullisme.
Un activisme violent va ensuite se développer dans une frange de la jeunesse, en réaction aux événements de mai 1968.
Des groupuscules émergent alors, comme Occident, Ordre nouveau puis le GUD, qui manient mieux la barre de fer que les arguments politiques.
Jean Marie Le Pen, héraut des soldats perdus des guerres coloniales, apôtre de la torture, qu'il se vante d'avoir pratiquée en Algérie, élu poujadiste dès 1956, va rassembler derrière lui une coalition hétéroclite de tous ces bras cassés, des nostalgiques du Reich et de la collaboration.
Il crée le Front National en 1972, qui a pour seul programme "la lutte contre l'immigration". Il reçoit l'appui d'une partie non négligeable de la communauté des pieds-noirs.
Crise économique aidant, il décollera dans les années 80.
Pour des raisons bassement politiciennes, tour à tour, gauche et droite vont instrumentalisé le parti que JM Le Pen a créé.
Pour la première fois, en mars 1998, dans ma Région, le chef de la droite, Jacques Blanc s'allie avec le FN pour en garder le contrôle. Nous avions été quelques uns, à ce moment là, à dénoncer de façon solennelle ces apprentis sorciers.
On connait la suite, moins de 20 ans plus tard, ceux, qui depuis plus d'un siècle, se repaissent du malheur de la France et des Français, sont aux portes du pouvoir.
L'extrême droite française : antirépublicaine et raciste
Bien que ses origines soient diverses, on retrouve dans chacune des composantes de l'extrême droite le même fond antirépublicain, antiparlementaire et raciste.
Charles Maurras, le patron de l'Action française, présente tous les " symptômes " de la pathologie qui affecte notre société depuis le début du XXème siècle. Antiparlementaire, il prône une monarchie héréditaire, et un antisémitisme d'État.
Viscéralement antisémite, il traitera Léon Blum, qui cumule le fait d'être juif, président du conseil et socialiste de " Détritus humain à traiter comme tel…" et il ajoute : " C’est un homme à fusiller, mais dans le dos..."
Une prose que l'on retrouvera jusqu'à la chute du régime de Vichy et qu'illustrera en particulier l'ignoble Céline.
Voir Bagatelles pour un massacre (1937), L'École des cadavres (1938), Les Beaux Draps (1941).
Antirépublicaine
Au cours du XXème siècle, à trois reprises l'extrême-droite a menacé la République :
- le 6 février 1934, diverses ligues nationalistes dont les Croix de Feu du colonel de La Rocque provoquent une violente émeute antiparlementaire. Depuis le début de l'année divers journaux fascistes avaient fait monter la tension. A la tribune de l'assemblée nationale, Philippe Henriot, député de la Gironde, future voix de la collaboration (voir ci-dessus), appelle à "balayer la République."
" Des milliers de militants tentent de marcher sur le Palais-Bourbon. La Garde mobile tire. Les affrontements se prolongent tard dans la nuit. Seize manifestants et un policier sont tués. On compte un millier de blessés."
Certains protagonistes de cette journée vont créer un" "Comité secret d'action révolutionnaire", surnommé La Cagoule, qui se propose de renverser la République, qualifiée avec mépris de « gueuse ».
- après la débâcle de l'armée française, le 10 juillet 1940, le parlement donne les pleins pouvoir au Maréchal Pétain.
La défaite, qui est une « divine surprise » selon Maurras, est pour beaucoup une occasion de régler des comptes avec la République
Dès lors, la mention « République française » disparaît des actes officiels. Le régime est désigné sous le nom d’« État français »
Pétain met en place un régime corporatiste, ultra conservateur, catholique dont la capitale est Vichy. Il a avec lui les éléments les plus radicaux du fascisme français (voir ci-dessus).
Le régime pétainiste collabore étroitement avec les nazis, met en place une politique antisémite, se fait complice de la déportation des juifs dans les camps, avant de disparaître à la Libération, en 1944.
- Le putsch des généraux du 21 avril 1961, tentative de coup d'État, fomentée par une partie des militaires de carrière de l'armée française en Algérie, est soutenu par l'extrême droite et une partie de la droite française.
L'échec du putsch est suivi par la création de l'Organisation armée secrète (OAS) qui regroupe des militaires et nombre de nostalgiques du régime de Vichy Cette organisation terroriste agit à la fois en Algérie et en France.
L'OAS bénéficie du soutien actif du courant néo-fasciste inspiré par Jeune Nation, d'un courant traditionaliste proche du mouvement poujadiste et de l'hebdomadaire Rivarol
Raciste
L'extrême droite est raciste par essence. Son discours peut être brutal ou métaphorique, comme on l'observe par exemple aujourd'hui à l'encontre des ministres issus de la diversité
Edouard Drumont, est la figure historique de l'antisémitisme en France.
En 1886, les deux volumes de La France juive assurent sa popularité. Ce bréviaire de la haine en est aujourd'hui à sa deux cent unième édition.
Maurras écrira : " la formule nationaliste est ainsi née presque tout entière de lui ; et Daudet, Barrès, nous tous, avons commencé notre ouvrage dans sa lumière."
C'est l'Affaire Dreyfus qui révèle au grand jour la pénétration de l'antisémitisme dans les grands corps de l'état dont l'armée et ses soutiens nationalistes et cléricaux.
Bernard Lazare, le premier des dreyfusards, dira « C'est parce qu'il était Juif qu'on l'a arrêté, c'est parce qu'il était Juif qu'on l'a jugé, c'est parce qu'il était Juif qu'on l'a condamné. »
La France va dès lors se partager entre dreyfusards et antidreyfusards. Ces derniers, beaucoup plus nombreux s'appuient sur les hommes cités plus haut. Maurras et l'Action Française, la Libre Parole de Drumont sont en pointe.
On connait aussi la terrible phrase de Barrès : "Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race"
Dans les années 30, alors que l'Europe se dote de nombreux régimes autoritaires fascistes, l'extrême droite française continuera à marquer son territoire, notamment sur le plan littéraire avec Céline, Brasillach, Drieu la Rochelle et bien d'autres.
Le terrain était préparé en France pour l'étoile jaune, les évictions professionnelles, les déportations organisées par le régime de Vichy.
Aujourd'hui, arabes et noirs, musulmans... ont remplacés les juifs ; mais il suffit de quelques clics sur Google pour retrouver à l'identique la même
violence raciste.
Le FN : NON il n'a pas changé !
Le FN de Marine Le Pen n'hérite donc pas que d'un père quelque peu caricatural et folklorique et d'une garde prétorienne de fachos aux gros bras et petits cerveaux, mais de tout un passé qui s'inscrit constamment en opposition radicale face à la devise de la République Française.
Et si le père était un idéologue que le pouvoir intéressait peu, Marine Le Pen a une toute autre ambition et une autre stratégie
Jugeant que le fruit était mûr et le pouvoir accessible, elle a policé son discours, arrondi quelques angles, récupéré nombre d'arrivistes de la droite sarkozyste ou de la gauche chevènementiste et mis dans l'ombre certains activistes encombrants.
Elle n'en est que plus redoutable, car le but avoué est toujours le même : le repli, le rejet des différences, le nationalisme belliqueux, qui provoqueraient l'isolement d'une France pestiférée et sa faillite économique.
Que les inconscients qui s'apprêtent à mettre le coude, après avoir mis le doigt, dans cette machine infernale, sachent qu'ils devront assumer ce double désastre.