Avant de parler de cette étude du Pr Gilles-Éric Séralini, militant écologiste proche de Corinne Lepage, j'ai voulu regarder de plus près les commentaires de la communauté scientifique, car les résultats avancés me paraissaient gros... très très gros !
On sait par exemple que depuis quinze ou vingt ans, des milliards d’animaux d’élevage dans l’Union européenne ont été nourris avec du soja transgénique, sans qu’on observe d’effet particulier.
En fait il semble que ce travail présente de très nombreux biais ; certains scientifiques se demandent même comment un tel article a pu être accepté pour publication.
Par exemple :
- souche de rat choisie, connue pour développer très facilement des tumeurs,
- maïs OGM retenu, d'une seule variété,
- méthodes et analyses statistiques, non conformes aux standards en vigueur,
- aucune relation dose-effet observée (l’effet toxique n'est pas corrélé à la dose administrée) ce qui est pour le moins curieux.
Mais surtout ce travail traite de deux effets à la fois, ce qui est passablement original dans des recherches de ce type !
Dans un article remarquablement documenté, Michel de Pracontal écrit :
" Son objectif est d’évaluer la toxicité d’un maïs OGM dit NK 603, produit par Monsanto, mais aussi – encore une fois ! – de l’herbicide Roundup. Précisons que la manipulation génétique du maïs NK 603 a précisément pour effet de le rendre tolérant au Roundup, de sorte qu’ils sont utilisés ensemble... "
« Il est difficile d’imaginer qu’un herbicide pourrait avoir des effets toxiques identiques à une manipulation génétique qui donne au maïs la capacité de détruire cet herbicide », lit-on dans la revue britannique New Scientist..."
Pour beaucoup de chercheurs (certes pas tous indépendants de l'industrie) :
« Cette étude a été conçue pour produire exactement ce qui a été observé… ». Ce qui est tout le contraire d'une démarche scientifique.
Evidemment, les magazines enclins à vendre du papier sans être trop regardant, comme le Nouvel Obs, ont fait leur gros titre d'un résultat dont la valeur scientifique est quasiment nulle.
Cela n'implique nullement qu'il faille consommer les produits de Monsanto qui nous a déjà (avec beaucoup d'autres) passablement empoisonné.
Mais ceux qui voudront démontrer la nocivité des OGM devront se plier à des normes scientifiques inattaquables, sous peine de desservir la cause qu'ils souhaitent défendre.
" Quand on grimpe aux arbres, il faut avoir les fesses propres..."
Post-Sciptum : Avis des 6 académies françaises paru le 19 octobre 2012