Nous vivons une époque épique (et nous n'avons rien d'épique) chantait Léo Ferré. Pour certains philosophes, artistes, scientifiques... nous étions déjà dans la postmodernité.
La pensée postmoderne se situe dans la perspective de surmonter le désenchantement du monde, après la désagrégation des repères culturels ou religieux résultant de la modernité, et l'échec des utopies révolutionnaires...
Les prémodernes se reposaient sur la tradition et les modernes sur l'avenir, les postmodernes auraient les pieds dans le vide. WIKI
No future ?
Pour le sociologue et philosophe Michel Freitag la postmodernité est la dissolution de la référence à la raison : les actions humaines tendent à se réduire progressivement à un comportement adaptatif, que la pensée s’identifie à un calcul marginal de gain ou de perte, que les rapports humains se réduisent à la compétition ou à la concurrence et les identités ou statuts à ceux de gagnant et de perdant.
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Au récent Congrès de la Société Française de Microbiologie, un éminent virologue (Didier Raoult) dont j'ai déjà parlé ici, a un peu pompeusement intitulé sa conférence : La microbiologie postmoderne. Avec d'autres, il remet en effet en cause quelques dogmes au niveau de la classification du monde animal et végétal et de l'Arbre du Vivant :
«L'idée de l'ancêtre unique est un contre-sens. C'est une idée darwinienne, mais Darwin avait tort : il y a autant d'arbres que de gènes».
Reprenant l'idée de rhizome qui, contrairement à l'arborescence, est un modèle d'organisation sans subordination hiérarchique développé dans les années 1970 par les philosophes Gilles Deleuze et Félix Guattari, Didier Raoult propose de «changer l'arbre de la vie par le rhizome de la vie». Déclaration à l'AFP, décembre 2009
L'hypothèse du rhizome de Raoult est satisfaisante pour les virus, moins pour les bactéries ou les Archées, et certainement pas pour les Eucaryotes.
Beaucoup pensent donc que ce qui est remis en cause, c'est l'application aux virus des principes de l'évolution de type darwinienne.
Pour eux les virus ne sont pas vivants et il suffit d'exclure les virus pour retrouver un ancêtre commun et retrouver un arbre du vivant
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En chimie, que je connais mieux, nous voici aux portes de la reconstruction du vivant et à la manipulation d'objets nanométriques. En physique et microélectronique, on se tourne aussi vers les nanosciences et les nanotechnologies qui repoussent les domaines de la science-fiction. La mécanique quantique va trouver ses plus remarquables applications...
La science est-elle pour autant entrée dans la postmodernité ? Comme en relativité tout dépend de la position de l'observateur. Dans 1000 ans nous serons archaïques...
La science dans une société postmoderne renonce à son idéal normatif de réalité et de vérité, au profit de la prévisibilité des résultats de l’action instrumentale. Susann Heenen-Wolff
Il y longtemps qu'Einstein (un intemporel !) nous avait dit ça... beaucoup mieux.
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Un bref séjour à Paris m'a donné l'occasion de découvrir deux belles et importantes expositions : Edvard Munch à la Pinacothèque et Lucian Freud à Beaubourg.
Dans le monde de la peinture, la postmodernité s'appelle néo-expressionisme (voir Esthétiques de la postmodernité de Caroline GUIBET LAFAYE). L. Freud a été rattaché par certains à ce courant.
Avec Lucian Freud, la chair crue dégouline et notre triste condition nous est, à chaque toile, envoyée à la figure. Le huis-clos entre le peintre et le (les) modèles est parfois étouffant mais débouche sur quelques œuvres magistrales, bien résumées par la photo de cette jeune fille contemplant une toile où le peintre est représenté en train de la peindre.
De Munch je ne connaissais que Le Cri, et l'exposition s'intitule... L'anti-cri !
Munch est un rebelle en constante opposition avec les écoles de son temps (impressionnisme, fauvisme, symbolisme, abstraction). Son œuvre est imprégnée d'un désespoir évident, elle révèle une grande lucidité et un doute permanent (d'où une multitude d'esquisses).
Incompétent sur les techniques, je dirais simplement que j'ai ressenti beaucoup d'émotion et de plaisir en découvrant ces toiles. Modernité, postmodernité, archaïsme... peu m'en chaut (ça c'est de l'archaïsme) puisque c'est beau...
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Michel Maffesoli, donne de la post modernité la définition suivante :
"ce pourrait être : « la synergie de phénomènes archaïques et du développement technologique ». C’est ainsi que, pour reprendre les grands thèmes explicatifs de la modernité : État - nation, institution, système idéologique, on peut constater, pour ce qui concerne la postmodernité, le retour au local, l’importance de la tribu et le bricolage mythologique."
Archaïques, les dirigeants de ce monde le sont sans aucun doute, toujours dominés par des instincts primaires et barbares.
L'attitude d'Israël est la caricature de ces comportements primitifs, irrationnels, des nations d'aujourd'hui.
Même le sioniste le plus exalté sait qu'il n'y aura pas d'issue au conflit en Palestine sans la création d'un état palestinien viable, que chaque violation grossière des lois internationales renforce la détermination des militants palestiniens, multiplie les vocations de terroristes et rend sympathiques leurs plus farouches ennemis.
Les Etats-Unis tiennent à bout de bras un état devenu un monstre hydrocéphale dont la tête n'est plus que guerrière. Mais le sioniste le plus convaincu devine aussi que le lobby juif aux USA finira par céder devant la montée des diversités américaines, que l'intelligentsia juive va se lasser de porter un fardeau aussi lourd.
Alors il faudra concéder la paix et des territoires. Des dizaines d'années auront été perdues, des milliers de vies aussi et beaucoup d'énergie... pour le seul profit de complexes militaro-industriels.
Voici venu -nous dit-on- le temps de l'hypermodernité (qui ne serait qu'une nouvelle version de la modernité !)... Que les sociologues se penchent plutôt sur l'archaïsme... moderne !