Il suffit de voir la voute ornée de la grotte de Lascaux (la chapelle Sixtine de la préhistoire) pour comprendre que l'artiste qui opérait en Dordogne, il y a près de 20 000 ans, était notre semblable. Homo sapiens a 200 000 ans ; ce n'est rien dans l'histoire de l'humanité qui compte environ 7 millions d'années. Lucy (Australopithecus afarensis... mais pas vraiment Homo !) a 3 millions d'années ; Tautavel (Homo erectus), 450 000 ans .
D'ailleurs on ne dit plus homme de Cro-Magnon, mais homme moderne.
En fait, l'art "contemporain" débute il y a moins de 80 000 ans. C'était hier...
On a retrouvé en Afrique du Sud des pierres gravées et colorées aux motifs géométriques, associées à des objets de parure en coquillage, qui datent de plus de 75 000 ans (fin du Paléolithique moyen). Elles constituent l'une des plus anciennes formes d'expression artistique humaine.
Durant le Paléolithique supérieur, l'art est déjà très diversifié, tant au niveau des thématiques que des techniques. Homo sapiens est le principal acteur de cette révolution, même si des chercheurs pensent aujourd'hui que certaines œuvres peuvent être attribuées à l'homme de Néandertal.
La Grotte Chauvet, est l'une des plus anciennes grottes ornées connues (à partir de - 32 000 ans), un grand nombre de techniques (gravure, peinture, tracés digitaux, empreintes, etc.) a été employé pour réaliser des figurations animales parfois très réalistes. La grotte Cosquer a 27 000 ans; Lascaux 17 000 ans...
Un retour en Périgord m'a incité à regarder de plus près ce que disait la science aujourd'hui sur deux énigmes : l'origine et la signification de cet art préhistorique d'une part et le "cousinage", ou la cohabitation, entre Cro-Magnon et l'homme de Néandertal d'autre part.
Sur le premier point (voir absolument ce site) statu quo depuis 20 ans : aucune des hypothèses émises n'a pu être validée :
- une activité à vocation purement esthétique, mais alors pourquoi l’art paléolithique pariétal était-il localisé dans la profondeur des grottes (voir Rouffignac par exemple), loin des campements ?
- des représentations d'animaux destinées à assurer une chasse fructueuse en conjurant "le mauvais sort" (thèse de l'envoutement), mais alors pourquoi si peu de rennes représentés dans de nombreux sites, pourquoi si peu d'animaux blessés... ?
- le chamanisme : la grotte serait un lieu de passage vers un autre monde et les peintures ou gravures œuvres post transes de chamanes...
Des structuralistes ont aussi voulu démontrer qu'il existerait une structuration de la grotte dans son ensemble avec des figures d’entrée et de fond, une organisation des panneaux avec des figures centrales et périphériques, et surtout une dualité fondamentale femelle/mâle représentée par le couple symbolique bison-aurochs/cheval, à la fois opposé et complémentaire.
Une cinquantaine d’années s’est maintenant écoulée sans que la structure tant cherchée n’ait pu être mise en évidence de manière évidente.
Le mystère demeure donc... Continuons d'admirer l'artiste : devant ses œuvres, au fond des grottes, l'émotion l'emporte sur la réflexion
A propos de la cohabitation et du cousinage entre Homo sapiens (homme moderne) et Homo neanderthalensis (homme de Néandertal), les progrès de la science avec en particulier tout le travail sur l'ADN mitochondrial (qui échappe au brassage génétique puisqu’il est transmis seulement par la mère) ont permis des avancées spectaculaires.
Je commence par le résultat le plus récent : le 12 février 2009, Svante Pääbo a présenté ses derniers résultats lors d'une conférence de l'AAAS (American Association for the
Advancement of Science). Son équipe (l'institut Max Planck à Leipzig) et une société américaine spécialisée dans le séquençage -454 Life Sciences- ont décodé plus de trois
milliards de paires de base, soit environ 60% du génome complet de Néandertal.
Les scientifiques ont travaillé sur un certain nombre d'ossements dont la plupart provenaient de grotte de Vindija, en Croatie et dataient d'environ 38.000 ans. D'autres venaient d'Espagne (vieux de 43.000 ans) et de Russie (60 à 70.000 ans). Enfin, l'un des spécimens provenait du premier fossile d'homme de Neandertal, âgé de 40.000 ans, découvert en 1856 dans la vallée de Neander, qui a donné leur nom à nos "cousins".
En France, Catherine Hänni et son équipe du laboratoire Paléogénétique et évolution moléculaire (CNRS, École Normale Supérieure de Lyon) ont mis au point des techniques adaptées pour extraire de l'ADN fossile. En 2006, déjà, l'équipe de Catherine Hänni déchiffrait une séquence d'ADN mitochondrial d'un fossile de néandertalien datant de 100.000 ans.
La paléogénétique - paléontologie qui, au lieu d'examiner le passé à travers ses ossements, l'examine à travers ses gènes- fait presque des miracles puisque déjà ces technologies ont permis le décodage complet du génome d'un mammouth en 2008.
Pourquoi Homo neanderthalensis a-t-il disparu ?
Soulignons d'abord que Néandertal n'était pas l'être frustre et primitif qui a été souvent décrit et que son physique était plus proche de celui d'Alain Delon que de Sébastien Chabal (j'exagère à peine !). Il a su lui aussi orner les grottes.
La réponse à cette question est donnée par les résultats du Projet Stage 3 (Université de Cambridge) qui regroupe une trentaine de scientifiques de disciplines différentes, archéologues, anthropologues, géologues, climatologues, et comprenant notamment les Français Jean-Pierre Bocquet (CNRS) et Pierre-Yves Demars (Université Bordeaux 1) :
L'Homme de Neandertal a disparu car il n'a pas su adapter sa façon de s'approvisionner en nourriture lors d'un refroidissement du climat. Si c'est bien son incapacité à s'adapter au changement climatique qui a conduit Neandertal à sa perte ce n'est pas directement en raison du froid, puisque comme l'Homme moderne, il possédait des vêtements tels que des manteaux de fourrure.
Dans la même étude il est montré que des "hommes modernes", les aurignaciens qui cohabitaient en Europe avec Néandertal, ont également disparu pour la même raison.
Pour ces auteurs, il y a environ 35 000 ans apparut un autre groupe d'Hommes modernes, appartenant à une culture différente, les Gravettiens (voir site de la Gravette en Dordogne, voir la Vénus de Willendorf) qui auraient survécu aux bouleversements climatiques grâce à une technologie supérieure (armes et outils plus légers) et à une organisation sociale plus complexe.
Alors cousins ?
D'après les estimations présentées par Svante Pääbo lors du congrès de février, humains et Néandertaliens auraient divergé sur la route de l'évolution il y a 800 000 ans.
Toutefois, comme on en connaît encore peu sur la diversité génétique néandertalienne, il est possible que le dernier ancêtre commun n'ait «que» 400 000 ans.
De cet ancêtre commun auraient émergé ceux que l'on appelle les Néandertaliens. Les plus anciens ossements pleinement attribués à cette espèce remontent à 130 000 ans, mais des squelettes de 350 000 ans présentant des caractéristiques « pré-néandertaliennes» ont été trouvés en Espagne et en Grande-Bretagne.
Le Néandertalien est déjà en déclin lorsque l'Homo sapiens met le pied en Europe, il y a environ 50 000 ans. Sa zone d'occupation se rétrécit progressivement, jusqu'à ses derniers bastions connus, dans le Sud de l'Espagne (à Gibraltar), il y a 28 000 ans, alors que l'ère glaciaire approchait de son maximum.
Pour répondre à la question du cousinage il ne reste plus qu'à terminer le séquençage complet du génome de Néandertal et à comparer ses séquences à celles du génome humain... et du chimpanzé !
Sur le travail de Svante Pääbo :
- voir le document publié par Science en mai 2010,
- lire un article complet du New Yorker ICI
Les découvertes récentes semblent bien confirmer que H. sapiens et Néandertal se sont croisés quelque part au Moyen-Orient (sud Levant), il y a plus de 50 000 ans .
La découverte de quelques éléments d'un crâne d'homme moderne datant de 55 000 ans, dans une grotte de Galilée, en est une nouvelle indication.
Dans cette région du monde, ces deux espèces ont sans doute pu se côtoyer pendant des milliers d'années.
Malheureusement l'ADN de ce crâne ne pourra probablement pas être exploité.
On estime qu’Homo sapiens s’est établi en Europe il y a 45.000 ans tandis que les Néandertaliens étaient déjà là depuis 200.000 ans et ont disparu il y a 40 000 ans.
On avait longtemps crû qu'Homo sapiens n'avait surgi qu'après la disparition de Néandertal.
Progressivement, depuis une quinzaine d'années, notamment grâce aux travaux de l'équipe de Svante Pääbo, un pionnier de la paléogénétique, directeur du Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology à Leipzig, on a compris que Sapiens et Néandertal s'était croisé et "qu'il y avait du Neandertal dans une grande part de l'humanité actuelle".
Depuis 2010, les découvertes se succèdent, qui confirment la proximité de Néandertal et de l'homme moderne.
On doit en particulier au groupe de Svante Pääbo le séquençage des génomes complets des hommes de Neandertal et de Denisova, publiés entre 2010 et 2014, et la preuve que 1 % à 3 % de l'ADN de Neandertal subsiste dans une grande partie de l'humanité.
En 2018, son équipe a identifié un fragment d'os découvert dans une grotte des montages de l'Altaï, comme appartenant à une jeune fille de 13 ans, qui, selon son ADN, s'avère être une hybride entre un père Dénisovien et une mère Néandertal, espèces cousines d'Homo Sapiens aujourd'hui disparue.
Depuis, les publications s'accumulent à propos de l'hybridation de ces espèces (sous-espèces ?).
Grâce à l'analyse du génome nucléaire on sait par exemple que les Dénisoviens partageaient un ancêtre commun avec les Néandertaliens, et qu'ils se sont hybridés avec les ancêtres de certains hommes modernes.
La recherche fournit des preuves de plus en plus nombreuses qui montrent que les humains modernes se sont régulièrement métissés avec des Néandertaliens et d'autres parents disparus,
On sait que, comme toutes les personnes d'aujourd'hui dont l'ascendance n'est pas uniquement africaine, les premiers Eurasiens portaient de l'ADN de Néandertal.
En 2020, Marin Petr, Mateja Hajdinjak et coll, également de l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutive (MPI-EVA ) à Leipzig, ont montré qu'il y a 150 000 à 300 000 ans, des unions entre des hommes modernes et des femmes néandertaliennes auraient conduit au remplacement du chromosome sexuel mâle (Y) néandertalien par celui de « sapiens »
Les dernières études sur le génome clarifient encore les relations entre les premiers humains modernes d'Europe, et Homo sapiens et les Néandertaliens.
Le biologiste moléculaire Mateja Hajdinjak et le généticien évolutionniste Svante Pääbo, toujours de l'Institut Max Planck à Leipzig, ont publié le 7 avril dernier dans Nature une étude basée sur une dent et des restes fragmentaires de la grotte Bacho Kiro en Bulgarie.
Les trois plus vieux individus de Bacho Kiro, datés entre 45 900 et 42 600 ans, avaient tous des ancêtres néandertaliens récents. Les génomes des non-Africains modernes abritent généralement environ 2% d'ascendance néandertalienne, mais les individus de Bacho Kiro en avaient un peu plus à 3,4–3,8%, et les segments chromosomiques - qui se raccourcissent dans les générations successives - étaient considérablement plus longs.
En mesurant ces segments, les chercheurs ont estimé que les individus de Bacho Kiro avaient des ancêtres néandertaliens qui dataient des six ou sept dernières générations - et probablement en Europe.
Le fait que plusieurs humains de Bacho Kiro aient eu des parents néandertaliens aussi proches suggère que les deux groupes se sont mélangés régulièrement en Europe pendant une très longue période et jusqu'à très récemment.
J'ai cité ci-dessus les travaux (2013) de Svante Pääbo (Institut Max-Planck, Leipzig) à propos du génome de l'Homme de Denisova et des Néandertaliens, qui révélaient également un aspect inconnu de l’histoire de l’évolution humaine : les relations entre les hommes actuels et les populations archaïques qui les ont précédés en Eurasie, pendant le pléistocène.
Un mélange de gènes entre Neandertal, Denisoviens et les premiers hommes modernes avait été mis en évidence.
Il s'avère aujourd'hui que les Néandertaliens et les humains modernes ont eu un passé sexuel commun beaucoup plus riche qu'on ne le pensait, impliquant au moins cinq rencontres à différents moments et lieux au cours des 60.000 dernières années.
Une équipe internationale conduite par Svante Pääbo et Joshua Akey (Department of Genome Sciences , University of Washington) a étudié l'héritage génétique laissé par ces anciens rendez - vous galants à l'aide de puissantes et nouvelles méthodes statistiques d'analyse du génome et identifié la fréquence et le lieu des rencontres entre les humains modernes, les Néandertaliens, et l'autre homme archaïque : le Dénisovien.
Svante Pääbo (Institut Max Planck, Leipzig), pionnier de l'exploration de l'ADN ancien, continue à nous bluffer !
Grâce à une technique permettant d'analyser séparément chacun des brins d'ADN, son équipe est parvenue à décoder le génome d'un hominidé primitif, l'Homme de Denisova (échantillon d'ADN prélevé sur un os d'une fillette de Sibérie vieux d'environ 80 000 ans), pour ensuite le comparer avec celui de ses proches cousins, le Néandertalien et l'humain moderne.
Les scientifiques ont pu déterminer que la diversité génétique des Dénisoviens était beaucoup plus faible que celle qui prévaut actuellement chez les humains.
« Si les recherches à venir sur le génome du Néandertal montrent que leur population a évolué de manière similaire, il est fort possible qu'une seule et même population d'hommes primitifs ayant quitté l'Afrique ait donné naissance à la fois aux Dénisoviens et aux Néandertaliens » Svante Pääbo
Les chercheurs ont également pu dater la divergence entre les populations de Dénisoviens et d'hommes modernes entre 170 000 et 700 000 ans.
Grâce à un orteil daté de 50 000 ans, la séquence du génome de haute qualité d'une femme de Neandertal de Sibérie a été établie par l'équipe de Leipzig de Kay Prüfer et Svante Pääbo . Ce travail, publié par le journal Nature, révèle également un aspect inconnu de l’histoire de l’évolution humaine : les relations entre les hommes actuels et les populations archaïques qui les ont précédés en Eurasie, pendant le pléistocène.
Un mélange de gènes entre Neandertal, Denisovans et les premiers hommes modernes a été mis en évidence.
Mars 2016 : Il s'avère aujourd'hui que les Néandertaliens et les humains modernes ont eu un passé sexuel commun beaucoup plus riche qu'on ne le pensait, impliquant au moins cinq rencontres à différents moments et lieux au cours des 60.000 dernières années.
Une équipe internationale conduite par Svante Pääbo et Joshua Akey (Department of Genome Sciences , University of Washington) a étudié l'héritage génétique laissé par ces anciens rendez - vous galants à l'aide de puissantes et nouvelles méthodes statistiques d'analyse du génome et identifié la fréquence et le lieu des rencontres entre les humains modernes, les Néandertaliens, et l'autre homme archaïque : le Dénisovien.
Le passionnant travail sur l'homme de Néandertal et ses relations avec l'homme moderne se poursuit. Les analyses ADN, et globalement toutes les recherches en paléogénomique, confirment qu'il y a quelque chose en nous de cet homme archaïque (disait-on).
La dernière publication rapportée par le magazine
Science, fait état de cette hybridation. Les auteurs ont identifiés des séquences du génome de Néandertal dans l'ADN d'un échantillon de 379 européens et 286 individus originaires d'Asie
du sud-est.
VOIR ICI le film de l'Institut Jacques Monod : Paléogénomique. La double hélice comme machine à explorer le temps de l'évolution de la vie
L'analyse de la plus grande collection de fossiles humains anciens (vieux de 430 000 ans), récupérées dans une excavation de la région de Burgos (Espagne), met en lumière l'origine et l'évolution des Néandertaliens.
En Europe, les archéologues ont trouvé plus de 100 grottes peintes, presque toutes concentrées dans le sud de la France et le nord de l'Espagne, représentant au moins 4000 animaux. Près d'un tiers de ces animaux sont des chevaux, et presque tous les chevaux sont rendus en brun ou en noir.
Mais dans un petit nombre de grottes, dont Pech Merle dans le Lot (environ -25 000 ans), les chevaux sont peints en blanc avec des taches noires. Certains archéologues ont affirmé que ces modèles de type LP ( leopard-like) sont plus une oeuvre d'art qu'une description réaliste.
Une étude récente publiée dans PNAS, à partir de l'analyse d'échantillons d'ADN de 31 chevaux préhistoriques prélevés de la Sibérie à l'Europe de l'ouest, vient de démontrer le contraire.
Ci-dessous, le fameux Appaloosa des Indiens Nez-Percés
Les nouvelles méthodes de datation (uranium-thorium) utilisées dans onze grottes du nord-ouest de l'Espagne (dont El Castillo, photo ci-contre), permettent de repousser à plus de 40 000 ans la réalisation de ces peintures au pochoir.
Certains évoquent donc la possibilité que des Néandertaliens puissent être à l'origine de ces premières oeuvres d'art.
C'est une nouvelle étape dans la réévaluation de l'apport de ces hominidés disparus il y a environ 30 000 ans, dont le cousinage avec l'homme moderne a été maintenant clairement établi.
Néandertal était un esthète !
C'est dans dans un des plus beaux villages de France que l'on vient de découvrir les talents précoces de ceux que l'on nous présentait encore il y a 20 ans comme des brutes épaisses.
Mais en 20 ans, les paléontologues ont beaucoup appris, beaucoup progressé. Ils sont en train de révolutionner la préhistoire.
J'évoque régulièrement, sur ce site, cette singulière aventure, en suivant en particulier les publications du groupe du suédois Svante Pääbo (directeur du département de génétique à l'Institut Max Planck, Leipzig, Allemagne).
Ce que révèle aujourd'hui le CNRS (repris par Nature) est assez stupéfiant : des humains occupaient déjà les grottes européennes il y a 176 500 ans, bien avant l’arrivée d’Homo sapiens ! La datation de stalagmites cassées puis agencées en rond dans la grotte de Bruniquel apporte une preuve formelle que l’homme de Néandertal y entretenait des feux, voire y pratiquait des comportements rituels.
Nous devons au Dr Sophie Verheyden, une palaéoclimatologue (Institut royal des Sciences naturelles de Bruxelles), et à son équipe d'archéologues, géochronologistes et autres experts, cette découverte fondamentale.
Ayant acquis (comme beaucoup de ses concitoyens) une maison dans la région de Bruniquel, elle a eu l'idée de s'intéresser à sa grotte, découverte au début des années 90.
Les six structures mises à jour sont faites d'environ 400 grandes stalagmites brisées et disposées en demi-cercles ayant jusqu'à 6,7 mètres de diamètre. Les chercheurs pensent que ces pièces une fois empilées pouvaient former des murs rudimentaires.
En analysant les accrétions de calcite sur les stalagmites, l'équipe a déterminé que ces structures avaient été réalisées... il y a environ 176 500 ans ! (entre 174.400 et 178.600 années) !
Ce sont les progrès de la datation qui ont permis de fournir cette estimation. La datation au carbone 14 étant limité à 50 000 ans, les chercheurs ont utilisé la datation radiométrique uranium-thorium.
Sur la destination de ces structures (spirituelle, domestique ?), les avis divergent.
Depuis que j'ai ouvert ce blog (2008), l'histoire passionnante de la paléontologie a été sérieusement révisée.
Notamment à propos des Néandertaliens : leur connaissance, leur cohabitation avec l'homme moderne, leur contribution à notre patrimoine génétique, ont fait l'objet de découvertes fondamentales, initiées par Svante Pääbo.
VOIR : Homo sapiens, Néandertal : cousinages
On sait maintenant qu'il y a eu un contact prolongé entre Néandertal et l'homme moderne.
De multiples épisodes de métissage entre les humains modernes et les Néandertaliens se sont probablement produits en Asie et les données paléogénétiques actuelles montrent aussi que le flux de gènes anciens entre ces groupes peut également s'être produit, dans une certaine mesure, en Europe, bien qu'aucune trace génétique n'ait été détectée jusqu'à présent parmi les derniers représentants de la population néandertalienne.
Jusqu'à tout récemment on estimait que les premiers établissements humains modernes en Europe remontaient à environ 43 000 à 45 000 ans.
Rappel : Homo sapiens est apparu en Afrique il y a plus de 300 000 ans (ka) et les humains anatomiquement modernes il y a au moins 195 ka. Les premières incursions d'humains modernes en dehors de l'Afrique se trouvent en Israël il y a environ 194 ka à 177 ka et peut-être en Grèce il y a environ 210 ka
Une étude de chercheurs français, parue le 9 février 2022 dans la prestigieuse revue américaine, Science, vient bouleverser ces estimations.
Il s'agit de la découverte, dans une grotte située à une dizaine de kilomètres au sud de Montélimar (la grotte Mandrin), de preuves attestant que l’homme de Néandertal et l’Homme moderne ont successivement habité la même caverne, dans un intervalle d’à peine une année.
De plus, des fossiles d'hominidés retrouvés dans cette grotte révèlent la plus ancienne présence connue d'humains modernes en Europe, il y a entre 56 800 et 51 700 ans.
Dans cette grotte, des phases de remplacement successives de l'occupation du site – Néandertaliens/Hommes modernes/Néandertaliens/Hommes modernes – ont été établies dans une période couvrant les derniers millénaires d'existence des Néandertaliens.
Ces travaux montrent qu'au lieu d'enregistrer un seul événement de remplacement de la population comme souvent avancé ailleurs en Europe, un processus beaucoup plus complexe d'apparition humaine moderne et de disparition de Néandertal semble s'être produit en Europe occidentale.
Les chercheurs ont identifiés de remarquables divergences technologiques existant entre les hominidés contemporains de cette région au niveau des industries lithiques .
On sait grâce au travail considérable de Svante Pääbo sur l'ADN ancien, dont j'ai parlé plus haut, que Néandertal ressemblait plus à Delon qu'à Chabal et que sa production artistique tenait davantage de Raphaël que de Picasso.
Voila maintenant que l'on nous apprend que cet ancêtre disparu il y a quelques 30 000 ans, se soignait avec des plantes et mangeait bio !
Ceci est prouvé par l'examen du tartre dentaire de 5 individus de la grotte d'El Sidrón (Asturies) déjà explorée par les équipes de Pääbo.
Rappelons que les relations de parenté entre Homo sapiens - l’homme moderne- et Néandertal ont été établies par le groupe de Svante Pääbo (Science, 2010 ), qui a montré que les européens et les asiatiques actuels possédaient un capital génétique néandertalien. L'hypothèse retenue est que les croisements ont dû se faire immédiatement après que les premiers hommes aient quitté l'Afrique, il y a approximativement 100 000 ans.
Ces hommes ont fait de vieux os ; la datation leur donne environ 200 000 ans.
Une équipe d'archéologues de l'Inrap a mis au jour, sur le site préhistorique de Tourville-la-Rivière (Seine-Maritime), les vestiges d'un pré-Néandertalien
Malgré les nombreux sites très anciens exhumés depuis la fin du XIXe siècle, les fossiles humains du Pléistocène moyen (781 000 - 128 000 ans) restent extrêmement rares en Europe du nord-ouest.
Communiqué CNRS
Deux études sur l'expression génique tentent de donner une explication à la différence de réactivité du système immunitaire des populations africaines et européennes et à la forte prévalence de maladies auto-immunes dans les communautés d'ascendance africaine.
L'équipe du généticien Luis Barreiro de l'Université de Montréal, a montré que les macrophages d' Afro - Américains tuent les bactéries trois fois plus vite que ceux des Américains d'origine européenne.
Ils ont ensuite vérifié que la plupart des gènes dont l'activité avait été modifiée au cours de la réaction immunitaire avait des séquences qui présentaient de nombreuses similitudes entre les populations d'origine européennes et les Néandertaliens.
Dans la deuxième étude, le généticien des populations Lluis Quintana-Murci et ses collègues de l'Institut Pasteur à Paris, ont montré des différences dans l'activité des monocytes pour ces deux mêmes types de population qui semblent liées à l'implication de nombreux gènes et variants du gène néandertal chez les Européens.
En 2004, des chercheurs avaient annoncé la découverte de l'Homo floresiensis , un petit homme moderne (?) ayant vécu il y a 18.000 ans, du côté des montagnes de Flores (Indonésie).
Ce "hobbit" est aujourd'hui considéré comme le plus important fossile hominidé de sa génération.
Dans Nature, des scientifiques raconte une véritable épopée scientifique à propos de ces curieux hominidés.
Lire aussi :
- Evolution humaine : petits restes, gros problèmes !
- "Hobbit" était un nain aux grands pieds.
Un espace de restitution (3000 m² au sol et 8180 m² de faciès géologique – sols + parois + plafonds), La Caverne du Pont d'Arc, est en préparation en Ardèche, à 7 km de la grotte.
Les panneaux pariétaux sont réalisés à Montignac et Toulouse.
Le bestiaire figuré sur les parois de la grotte Chauvet Pont-d'Arc, réalisé il y a plus de 30 000 ans, est riche de
425 animaux de 14 espèces. Il est principalement constitué d'animaux féroces, ce qui est tout à fait spécifique par rapport aux autres grottes ornées, majoritairement moins
anciennes.
L'ouverture est prévue au printemps 2015.