Nous abordons le XXIe siècle avec des pouvoirs de démiurges et des instincts de primates.
Thierry Gaudin (2100, Odyssée de l'espèce)
Depuis que Dieu créa la femme, l'humanité se divise en deux camps, d'importance très inégale, face aux démiurges et aux pouvoirs : les moutons de Panurge et les rebelles.
Je ne parle pas ici du démiurge au sens de Platon, des Egyptiens ou des gnostiques, mais de tous ceux qui sont censés avoir créé une oeuvre de quelque envergure, bref d'un démiurge en tant qu'esprit novateur susceptible de créer une Ecole de pensée, une religion, un mouvement, une mode...voire une secte !
« Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. »
De quoi sommes-nous coupables, sinon d’avoir suivi, plus ou moins servilement, l’exemple du créateur ? La fatalité qui était sienne, nous la connaissons bien en nous : ce n’est pas pour rien que nous sommes sortis des mains d’un dieu malheureux et méchant, d’un dieu maudit...
Il est difficile, il est impossible de croire que le dieu bon, le « Père », ait trempé dans le scandale de la création. Tout fait penser qu’il n’y prit aucune part, qu’elle relève d’un Dieu sans scrupules, d’un Dieu taré. La bonté ne crée pas : elle manque d’imagination ; or, il en faut pour fabriquer un monde, si bâclé soit-il. C’est, à la rigueur, du mélange de la bonté et de la méchanceté que peut surgir un acte ou une œuvre. Ou un univers. En partant du nôtre, il est en tout cas autrement aisé de remonter à un dieu suspect qu’à un dieu honorable.